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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/144

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Histoire

Sir Hargrave Pollexfen étoit au Bal en habit d’Arlequin. Il n’a pas été long-tems à découvrir notre charmante Cousine ; & malgré le chagrin qu’il a eu de ne pouvoir lui faire agréer ses offres, il n’a pas laissé de lui parler avec toute la politesse d’un homme du Monde. M’ayant rencontré un peu avant notre départ, il m’a demandé si je n’avois pas reconnu M. Greville entre les Masques ? Je lui ai dit que je n’y avois pas fait d’attention. N’avez-vous pas remarqué, m’a-t-il dit, un Masque en grand chapeau rabattu, avec un manteau de Scaramouche, & une lanterne sourde à la main, qu’il présentoit à tout le monde ? C’étoit notre cher ami Greville. À la vérité, j’avois observé plusieurs fois ce Masque ; mais je ne me suis point rappelé qu’il eût l’air de M. Greville ; il m’avoit paru beaucoup plus gros. Cependant, comme il vouloit qu’on le crût parti, on comprend qu’il peut avoir déguisé sa taille.

Vous savez que M. Greville est un homme entreprenant. Il n’est venu à Londres, comme il l’a déclaré lui-même, que pour causer de l’embarras à ceux qui ont des prétentions sur le cœur de ma Cousine. Il lui a vu deux Amans déclarés. Son premier dessein étoit de passer quelque tems ici, & de prendre part aux amusemens de la Ville. Il avoit même commandé un Équipage neuf. Cependant tout d’un coup, & quoiqu’il attendît M. Fenwick, il a prétendu nous persuader