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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/155

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du Chev. Grandisson.

trois de ses compagnons, & bien armés. Pour la distance, il leur a promis qu’ils seroient payés noblement ; & les arrhes ont été chacun leur écu. Il n’a pas manqué, par-dessus, de les traiter dans un cabaret voisin ; & là, pour prévenir apparemment leur curiosité, il leur a dit que sa Maîtresse étoit une jeune Heritiére, qui étoit actuellement au Bal, & qui étoit convenue de s’enfuir avec son Amant ; mais que le Gentilhomme ne devoit paroître que dans la Maison où ils devoient la conduire ; qu’à la vérité, elle s’imaginoit aller droit à l’Église, pour y être mariée sur le champ, & que malgré l’heure qu’il étoit, elle s’y croyoit attendue par un Ministre ; mais que le Gentilhomme, aussi délicat sur l’honneur que sur le fond de ses engagemens, vouloit essayer d’abord s’il ne pourroit pas obtenir le consentement de la famille : qu’il pouvoit arriver de-là, qu’en s’appercevant de la longueur du chemin, elle parût effrayée, & qu’elle fît diverses questions ; que pour le monde entier il n’étoit pas capable de lui causer la moindre peine, mais qu’il s’étoit chargé de la tromper un peu, pour son propre intérêt ; & qu’après le succès de l’entreprise elle lui sauroit bon gré de cette innocente imposture ; que par conséquent, quelques ordres qu’elle pût leur donner, ils ne devoient obéir qu’à ceux qu’ils recevroient de lui ; qu’ils en seroient récompensés au-delà de leurs espérances ; enfin, qu’ils ne devoient