Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
Histoire

les apparences d’une grande douleur, à la violence qu’on employoit pour la faire monter dans le carrosse, & demandant grace, d’un ton de voix qui la faisoit reconnoître pour une femme ; que l’homme avoit fait des protestations fort vives d’amour & d’honneur ; mais que malgré les efforts de la Dame, qui paroissoit livrée à la plus amere affliction, il ne l’en avoit pas moins levée dans le carrosse ; que l’y voyant entrer avec elle, elle avoit poussé un grand cri, pour demander du secours ; qu’ensuite sa voix étoit devenue plus sourde, comme si sa bouche eût été bouchée d’un mouchoir ; & que l’homme avoit commencé à parler plus haut, d’un ton qui paroissoit menaçant ; que le carrosse étoit parti à grand train, & tous les Cavaliers à la suite. Pendant les efforts que la Dame avoit faits pour résister, le Cabaretier avoit observé qu’elle étoit richement vêtue sous son manteau. Une demie heure après, il avoit vu arriver un carrosse à quatre chevaux, où la Veuve étoit montée avec ses deux filles, & dans lequel ces trois femmes avoient pris la route de l’autre. Après leur départ, sa curiosité lui avoit fait demander à la Servante de la maison, qui étoit une fille simple & grossiére, où ses Maîtresses pouvoient être allées si matin ? Elle avoit répondu qu’elles étoient allées à Windsor, ou dans le canton, & qu’elle ne les attendoit que dans huit jours.

Ô le détestable Hargrave ! Il a des Terres