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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/173

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du Chev. Grandisson.

promis tous mes soins. Elle vouloit mettre un genou à terre, pour recevoir mes caresses ; tant son infortune sembloit l’avoir humiliée. Mais mon Frere l’ayant soutenue, elle consentit à s’asseoir, en s’excusant sur sa foiblesse. Vous voyez devant vous, me dit-elle, un spectacle bien étrange ; & ses yeux parcouroient son habillement ; mais j’espere, Mademoiselle, que vous n’en prendrez pas une plus mauvaise opinion de mon innocence. Cette odieuse parure n’est pas de mon choix. Qu’elle me cause de confusion ! On a voulu que je fusse dans ce déguisement pour une Mascarade : malheureux amusement ! Je ne le connoissois point… & c’est l’unique fois… Ne jugez pas mal, Monsieur, en se tournant vers mon frere, les mains jointes & levées, de celle que vous avez si généreusement délivrée. Ne jugez pas mal de moi, Mademoiselle, en se tournant de mon côté. Je n’ai rien à me reprocher. Un lâche, le plus lâche de tous les hommes… Elle n’eut pas la force d’achever.

Mon frere me recommanda d’employer d’abord tous mes soins à lui faire rappeler ses esprits, & de prendre ensuite ses ordres, pour donner avis de son heureuse délivrance à sa famille. Une jeune personne de cette apparence, ajouta-t-il, ne peut avoir disparu un moment sans causer de vives allarmes à tous ses Amis. Il lui répéta qu’elle étoit dans une maison d’honneur, & que je me ferois un bonheur de l’obliger. Elle vouloit être