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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/174

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Histoire

conduite à la ville ; & remarquant qu’elle considéroit ses habits, je lui proposai d’en prendre des miens. Mon frere lui dit que si elle étoit résolue de partir, il monteroit à cheval, pour lui laisser son carrosse, & qu’il étoit sûr que je l’accompagnerois volontiers. Mais, avant qu’elle pût accepter cette offre, comme elle y paroissoit disposée, ses forces l’abandonnerent, & je la vis tomber sans connoissance à mes pieds. Mon frere attendit seulement qu’elle fût en état d’ouvrir les yeux. Il ne faut pas penser, me dit-il, à la faire partir. Qu’on se hâte d’appeler un Médecin. Elle est trop foible & trop abattue, pour souffrir le mouvement du carrosse. Vous prendrez ses ordres pour sa famille aussi-tôt qu’elle pourra les donner. Il me dit adieu, après m’avoir promis d’être aujourd’hui à dîner avec moi. En partant, il répéta : vous êtes en sureté, Mademoiselle, vous êtes ici sans crainte. Elle le remercia par un mouvement de tête, mais sans être capable de prononcer un seul mot. Il partit.

Et puisse le Ciel, ai-je répondu à Miss Grandisson, le combler de ses plus précieuses faveurs dans quelque lieu qu’il aille jamais.

Elle m’a dit que le Château, où nous étions, appartenoit au comte de L…, qui a épousé depuis peu sa sœur aînée, & qui est allé avec elle en Écosse, où la plûpart de leurs terres sont situées, que leur retour n’est pas éloigné, & qu’elle n’est elle-même à Colnebroke que depuis trois jours, pour y