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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/180

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Histoire

bagatelle, son habit percé, & la peau de l’épaule à peine effleurée. Il a passé la main sur l’endroit qu’il avoit désigné, pour nous marquer qu’il n’y restoit aucune douleur. Il nous a dit que Sir Hargrave avoit eu beaucoup de désavantage, dans un carrosse ; que ses réflexions, sur l’évenement d’hier, lui causoient d’autant plus de plaisir, que s’étant informé de la santé de son Adversaire, il avoit appris qu’on en espéroit bien, du moins s’il étoit capable de se modérer ; qu’il s’en réjouissoit sincerement, & qu’il ne se pardonneroit pas d’avoir ôté la vie à quelqu’un dans la chaleur d’une querelle. Ensuite, pour changer de discours, il voulut savoir dans quel état Miss Byron s’étoit trouvée depuis le jour précédent. Miss Grandisson en rendit un compte exact, & s’étendit beaucoup sur les perfections de ma Cousine, que je confirmai par un juste éloge. Il remercia sa Sœur de ses soins, comme si c’eût été pour lui-même qu’elle les eût employés.

Nous lui demandâmes alors quelque éclaircissement, sur la glorieuse action qui rendoit une si chere personne à mille honnêtes gens dont elle étoit adorée. Je veux le faire parler lui-même, en me rappelant ses propres termes, autant qu’il me sera possible ; & je m’efforcerai de conserver l’air de sang-froid, avec lequel il nous fit cette agréable rélation.

Vous savez, ma Sœur, les affaires qui