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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/183

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du Chev. Grandisson.

question à Madame. Je vous trouve fort indiscret, interrompit-il brusquement : eh, qui êtes-vous, s’il vous plaît ?

Êtes-vous Mylady Pollexfen, Madame ? continuai-je, sans tourner les yeux sur lui. Oh ! non, non, non ; ce fut tout ce qu’elle eut la force de répondre. Deux de mes gens s’approcherent de moi. Le troisieme tenoit la tête du cheval du Postillon. Trois hommes, qui suivoient aussi Sir Hargrave à cheval, étoient demeurés à quelques pas, & sembloient tenir conseil ensemble, comme s’ils eussent appréhendé de s’avancer davantage. Ayez l’œil sur ces gens-là, dis-je aux miens. Il arrivera quelques Passans, qui prendront parti pour la justice. Malheureux ! criai-je au Cocher, qui vouloit piquer ses chevaux ; ta vie en répondra. Sir Hargrave ne cessant point de le presser avec le plus furieux emportement ; je répétai la même menace ; & je demandai nettement à la Dame si elle souhaitoit d’être libre. Oh ! Monsieur, me répondit-elle, délivrez-moi par pitié ! Je suis dans les mains d’un lâche Ravisseur ; je suis trahie, enlevée ; délivrez-moi, délivrez-moi !

J’ordonnai alors à mes gens de couper les traits, s’ils craignoient de ne pouvoir arrêter autrement la berline ; de faire face aux trois hommes, d’en arrêter même un s’il étoit possible, & de me laisser le soin du reste. Sir Hargrave, jugeant que je ne pensois plus à le ménager, tira son épée,