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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/186

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Histoire

terreur. Je lui offris la main, sans penser plus que la premiere fois à la botte du carrosse ; & je crois qu’elle n’en étoit gueres occupée, non plus, que de sa délivrance. N’avez-vous pas lu, M. Reves, (c’est Pline, je crois, qui fait quelque part ce récit) l’avanture d’un Oiseau effrayé, qui se trouvant poursuivi par un Faucon, se jetta dans le sein d’un Passant, comme dans un azile ? De même, exactement de même, en me voyant reparoître à la portiére du carrosse, votre charmante Cousine, au lieu d’accepter la main que je lui présentois, se précipita réellement entre mes bras. Oh ! Sauvez-moi, Monsieur, sauvez-moi, s’écria-t-elle d’une voix altérée. Elle étoit prête à s’évanouir. Je ne crois point qu’elle fût en état de marcher. Il me fallut faire le tour des chevaux de Sir Hargrave, pour la transporter dans ma voiture. Soyez sure, Mademoiselle, lui dis-je en la faisant asseoir, que vous êtes avec un homme d’honneur. Je vais vous mener à ma Sœur, qui est une jeune personne de votre âge, dont vous devez vous promettre toute sorte d’assistance & de soins. Elle jettoit successivement les yeux par les deux portiéres, avec des marques visibles d’effroi, comme si le voisinage de Sir Hargrave l’eût encore allarmée. Ne craignez rien, lui dis-je. Je suis à vous dans l’instant. Elle me supplia de fermer ma portiére.

Je m’avançai de quelques pas, mais sans