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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/185

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du Chev. Grandisson.

Son Postillon n’étoit qu’un Enfant, qu’un de mes gens avoit démonté avant que de joindre les deux autres, auxquels j’avois ordonné de se saisir, s’ils pouvoient, des trois hommes de Sir Hargrave : ma seule vue étoit de les arrêter ; car je jugeois que ces Misérables, connoissant les criminelles dispositions de leur Maître, étoient déja fort épouvantés.

Sir Hargrave avoit la bouche & le visage tout en sang. Je m’imaginai que j’avois pu le blesser du pommeau de mon épée. Une de ses jambes, en se débattant, étoit passée entre les rayons de la roue. Cette situation me parut assez propre à contenir son emportement, & je criai au Cocher de ne pas faire remuer le carrosse, pour l’intérêt même de son Maître, qui paroissoit extrêmement mal de sa chûte. Il juroit de toutes ses forces. Assurément, un homme, si peu capable de supporter une offense, devoit l’être moins d’offenser autrui, suivant ses propres principes. Je n’avois pas tiré mon épée, comme j’espere de ne jamais le faire dans aucun démêlé particulier. Cependant je n’en aurois pas fait difficulté, dans une occasion de cette nature, si j’y avois été forcé.

La jeune Dame, quoique mortellement effrayée, avoit trouvé le moyen de se dégager du manteau. Je n’eus pas le tems de tourner mon attention sur ses habits ; mais je fus frappé de sa figure, & plus encore de