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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/190

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Histoire

soutenoit avec toutes les attentions de la plus tendre amitié. Miss Byron m’a paru d’abord assez pâle ; mais, à la vue de son Libérateur, ses joues se sont couvertes d’un aimable vermillon. Sir Charles s’est approché d’elle, d’un air calme & serein, dans la crainte de lui causer de l’émotion : & prévenant par quelques expressions civiles les témoignages d’une reconnoissance passionnée, il lui a pris la main, pour la conduire sur un fauteuil, où elle n’a pas été plutôt assise, que sa foiblesse nous a causé de nouvelles allarmes. Miss Grandisson lui a présenté des sels, qui l’ont un peu fortifiée. Alors ses yeux se sont ouverts avec une langueur touchante, qui ne les rendoient que plus expressifs, en leur dérobant quelque chose de leur éclat naturel. Tous les mouvemens de son cœur alloient passer sur ses levres. Mais Sir Charles lui a demandé la permission de l’interrompre, pour ménager ses forces. Il s’est plaint du prix excessif qu’elle sembloit attacher à un service commun. Chere miss ! lui a-t-il dit, du ton le plus tendre ; car je prens déja la liberté de vous traiter avec la familiarité d’une longue connoissance, tout ce que j’apprens de M. Reves & de ma Sœur doit me faire regarder le jour d’hier comme un des plus heureux de ma vie. Je regrette que le commencement de notre liaison vous ait couté si cher : mais ces apparences de mal produiront un bien réel. J’ai deux Sœurs, dont les excellentes qualités font honneur à leur sexe.