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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/191

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du Chev. Grandisson.

Consentez que je puisse me vanter désormais d’en avoir trois. Quelle satisfaction ne vais-je pas tirer, d’un événement qui fait une addition si aimable à ma famille ? Ensuite il a pris la main de ma Cousine & celle de sa Sœur ; il les a jointes, en les pressant dans les siennes : si vous nous faites l’honneur, a-t-il ajouté, d’accorder le nom de Sœur à Charlotte, ne m’est-il pas permis, sur un fondement si doux, d’aspirer à celui de votre Frere ? Miss Grandisson a saisi cette ouverture avec des transports de joie. Ma Cousine, dans la confusion de divers sentimens qui lui coupoient la voix, a regardé Sir Charles avec un mêlange de respect & de réconnoissance, Miss Grandisson avec délices, & moi d’un air d’admiration. Enfin elle a trouvé la force d’ouvrir la bouche : ne vous l’ai-je pas dit, M. Reves, que j’étois tombée dans une Maison céleste !

J’appréhendois qu’elle ne s’évanouît. Mais Sir Charles ayant eu l’adresse de faire changer d’objet à ses idées, par d’agréables images de l’avenir qui lui formoient une perspective plus éloignée, elle s’est sentie capable de se mettre à table avec nous, & d’y demeurer plus d’une demie heure. Sa contenance néanmoins ayant changé deux ou trois fois, Miss Grandisson l’a pressée de retourner à sa chambre, & n’a voulu se fier qu’à elle-même, du soin de l’y conduire. J’ai pris congé d’elle, lorsqu’elle s’est retirée.