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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/194

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Histoire

Sœur. Miss Grandisson, dit-elle, a beaucoup d’esprit & d’agrémens, le caractere du monde le plus naturel & le plus ouvert. Sir Charles est la franchise & la politesse même ; ses civilités n’ont rien d’embarrassant pour ses Hôtes. L’air aisé, qui regne dans son langage & dans ses manieres, persuade tout d’un coup que pour l’obliger, il ne faut pas en user moins librement avec lui. J’ai vérifié moi-même aujourd’hui cette observation. Ce matin, en arrivant, je m’étois exprimé dans des termes, qui sembloient marquer moins de familiarité que de respect. Sir Charles en a pris occasion de m’embrasser, & m’a dit de l’air le plus obligeant : cher M. Reves, les honnêtes gens doivent s’aimer à la premiere vue. Ne différez point à me mettre au nombre de vos Amis. Je vous compte déja parmi les miens. Je penserois mal de moi-même, si je remarquois, dans un homme du caractere de M. Reves, une défiance de moi, qui ne permît point à son ame de se mêler avec la mienne.

Miss Grandisson qui n’a pas manqué d’engager ma Cousine à lui raconter toute son histoire, & celle d’une partie de ses Parens est entrée naturellement dans ce récit.

Miss Byron étant assez rétablie pour retourner à la ville, & moi jugeant comme elle, que Sir Charles feroit plus volontiers ce petit voyage en carrosse qu’à cheval, j’ai demandé la liberté de reprendre le cheval qui m’avoit amené. Cette idée néanmoins