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Histoire

yeux sur moi, me dit d’un ton dédaigneux : je vous ai demandé de la pitié, Mademoiselle ; je vous l’ai demandée aussi à genoux, inexorable Miss, & vous n’en avez pas eu pour moi. Priez, suppliez à votre tour. Vous ne le ferez pas plus ardemment que je ne l’ai fait. Les dés sont aujourd’hui pour moi.

Barbare ! m’écriai-je en me levant. Ma colere s’étoit allumée. Mais elle se ralentit aussi vîte. Je vous conjure, Sir Hargrave… & je me tordois les mains, comme dans un accès de frénésie. Je m’approchai de lui, je courus à la fenêtre, ensuite à la porte… sans penser néanmoins à sortir par l’une ou par l’autre, quand elles eussent été ouvertes ; car où pouvois-je aller ? Et retournant vers lui ; Sir Hargrave ! au nom du Ciel ! Ne me traitez pas cruellement. Je n’ai jamais eu de cruauté pour personne. Vous savez que j’ai toujours été civile pour vous…

Oui, oui, me dit-il avec un sourire moqueur ; civile, & fort obstinée aussi. Vous ne m’avez jamais dit d’injure. Je ne vous en dis pas non plus, Miss Byron. Vous avez été civile, & jusqu’à présent je crois ne l’avoir pas été moins que vous. Mais souvenez-vous, Mademoiselle… mais chere & adorable Fille… & le Perfide jeta ses bras autour de moi. Vos terreurs même, continua-t-il, vous donnent de nouveaux charmes. Que j’en jouisse, Mademoiselle ! Et le sauvage voulut m’arracher