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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/240

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Histoire

nouveau Maître, il avoit pour motif l’espoir d’épouser une jeune Fille de Padington, dont il avoit engagé la Mere à prêter sa maison & son secours à Sir Hargrave, sous promesse d’une somme considérable, qui devoit servir de dot à sa Fille. Mais il ajoute que c’étoit dans des vues honorables, & que Mme Auberry, dont il espéroit de se voir le Gendre, n’est pas capable de se prêter à la moindre indécence. Soit crainte, ou remord, il parle avec horreur des égaremens de sa vie. Il proteste que ne pensant plus qu’à vivre en honnête homme, il mourra plutôt de faim que de rentrer au service des Maîtres que j’ai nommés ; & pour ne me laisser aucun doute de ses sentimens, il m’assure que dans la rencontre de Honslow, c’est lui qui empêcha ses deux compagnons de faire feu sur moi. Ma vie, dit-il, est encore menacée.

Je le dispense de l’inquiétude qu’il a pour ma sureté : mais je considere qu’il est jeune, & capable encore d’être ramené à de bons principes ; que sa réformation diminueroit le nombre des Libertins, augmenteroit celui des personnes utiles : & qui sait sur combien de caracteres de la même trempe son exemple peut influer, pour le mal ou pour le bien ? S’il épouse la jeune fille qu’il recherche, & dont on n’accuse point les mœurs, votre bonté, Monsieur, ne peut-elle pas gagner une famille entiere à la vertu ?

Son crime, dès qu’on le suppose sans