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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/244

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Histoire

tion : ah ! chere Lucie, comptez que je vous entens. Mais soyez sûre que je ne me connois pas d’autres sentimens que ceux de la reconnoissance.

Vous m’embarrassez néanmoins ; car je suis persuadée que si je commence par le Frere, vous vous joindrez à mon Oncle, pour vous écrier, en secouant la tête ; ah ! chere Henriette ! Et si je commence par la Sœur, ne direz-vous pas que je réserve mon sujet chéri pour le dernier ? Il est bien difficile d’éviter la censure, entre des juges qui veulent prendre absolument la qualité de censeurs. Mais soyez aussi pénétrante qu’il vous plaira, ma chere Lucie ; je vous répons que cette crainte n’imposera pas la moindre réserve à mon cœur, & que ma plume lui sera fidelle. Qu’ai-je à redouter, dans la confiance où je suis, que les traits de mes Amis ne peuvent me porter que des coups utiles & salutaires ?

Miss Grandisson, car ma plume commence d’elle-même par la Sœur, quelque finesse que ma Lucie veuille y entendre ; Miss Grandisson est âgée d’environ vingt-quatre ans. Sa taille est noble, & parfaitement bien prise. Elle a de la dignité dans le port, de grands yeux noirs fort pénétrans, dont elle fait ce qu’elle veut, & qui s’attirent la premiere attention dans sa physionomie. Ses cheveux sont de la même couleur, d’une beauté extraordinaire, & naturellement bouclés. Elle n’est pas d’une blancheur éclatante ; mais