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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/246

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Histoire

l’on s’en rapporte à elle, qu’elle a pris du goût pour la lecture ; mais je suis portée à me défier de tout ce qu’elle dit à son désavantage. Elle prétend qu’elle étoit trop gaie & trop légere, pour se réduire à des amusemens sédentaires. Cependant on s’apperçoit, lorsqu’elle y pense le moins, qu’elle est versée dans l’Histoire & la Géographie. Elle ne désavoue point qu’elle ne sache fort bien la musique ; sa femme de chambre, qui prenoit plaisir, pendant les soins qu’elle m’a rendus, à me faire l’éloge de sa Maîtresse, m’a dit qu’elle sait parfaitement le François & l’Italien, qu’elle écrit avec tout l’agrément possible, & qu’elle se fait adorer par son esprit, sa discrétion & ses manieres obligeantes. Elle lui attribue un autre mérite, dont je me réjouis, pour l’honneur de Miss Clemer & de toutes les jeunes personnes qui aiment la lecture ; c’est d’entendre admirablement tout ce qui regarde l’administration domestique, & de ne pas dédaigner d’y donner régulièrement ses soins.

Jenny, qui est sa femme de chambre & qui ne manque point d’éducation pour une Fille de cet ordre, m’a dit en confidence que sa Maîtresse avoit deux humbles adorateurs. Mon étonnement est qu’elle n’en ait pas deux douzaines. L’un est le Chevalier Watkins, qui a des biens immenses ; & l’autre, milord G… fils du comte de C… Mais il ne paroît pas, jusqu’à présent, que son inclination se soit déclarée pour l’un ou l’autre.