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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/260

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Histoire

de lui. Mais s’il vient, vous êtes libre de le recevoir ou de vous en dispenser ; & sur-tout, ne vous croyez obligée à rien, en faveur de mon Frere ou de moi. Je ne souhaite pas même que vous le voyiez sans mon Frere, parce qu’il gagne beaucoup à paroître avec lui. Cependant il est si persuadé que les femmes veulent qu’on les admire, & se plaisent au langage flatteur de son sexe, qu’il s’imagine que les plus belles reçoivent aussi volontiers la visite d’un homme qui cherche à les voir dans cette intention, qu’un Peintre celle des Curieux qui vont admirer ses tableaux.

Miss Grandisson ajouta qu’elle espéroit néanmoins que son Cousin ne pousseroit pas si loin l’effronterie ; mais qu’à tout hasard elle s’étoit crue obligée de me prévenir. Je me contentai de la remercier, sans vouloir pénétrer dans ses vues. J’avois autour de moi plusieurs feuilles de mes Lettres. Elle se mit à les compter avec sa vivacité ordinaire. M. Reves ne l’avoit pas trompée, me dit-elle, en l’assurant que personne ne faisoit plus d’usage que moi de sa plume. Elle me fit promettre que je lui communiquerois quelque jour tout ce que j’écris à ma Grand-Mere Sherley, à mon Oncle & à ma Tante Selby, à mes Cousines Lucie & Nancy ; car elle sait déja tous les noms qui me sont chers. Elle veut que je m’accoutume à l’appeler Charlotte, comme elle promet de me nommer sa chere Henriette. Elle m’apprendra les