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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/278

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Histoire

Je reçois un billet de Miss Grandisson, qui me demande à déjeûner avec la Comtesse sa Sœur. C’est, dit-elle, une résolution subite, sans quoi elle m’en auroit fait avertir hier au soir, quelque tard qu’il fût à leur arrivée. Elle badine si légérement sur l’impatience que sa Sœur a de me voir, qu’il n’est pas vraisemblable qu’aucune des deux ait la moindre connoissance du terrible sujet de mes craintes. Quelle joie cette visite ne m’auroit-elle pas causée dans un autre tems ? Elle ne me donne aujourd’hui qu’un plaisir mélancolique, tel que le ressentiroient les tristes Amis d’un malade désespéré, en voyant arriver un Médecin qu’ils auroient long-tems attendu, & dont le secours ne leur promettroit que des soulagemens fort incertains. Mais j’entends un carrosse à la porte…

J’ai couru à la premiere fenêtre qui donne sur la rue. Ô ma chere ! c’est un carrosse. Mais je n’y ai vu que deux Dames. Bon Dieu ! À ce moment peut-être, Sir Charles… Mon cœur m’annonce…

Je rentre dans mon Cabinet, avec un peu plus de tranquillité, quoiqu’elle ne soit pas sans un mêlange de craintes. Vous allez lire un détail de tout ce qui s’est passé dans l’espace de trois heures.

J’étois descendue dans la grande Salle, avant que les Dames fussent entrées. M. Reves, qui les est allé recevoir jusqu’à leur