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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/283

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du Chev. Grandisson.

suis crue prête à m’évanouir. Vous ne serez pas étonnée, ma chere Lucie, que mon émotion ait été si vive, après l’affreuse incertitude où j’avois été pendant deux jours, & dans les idées terribles que je m’étois formées du danger où je voyois le meilleur des hommes exposé, pour m’avoir sauvé l’honneur & la vie.

Je crois avoir éprouvé qu’on revient plutôt des surprises de la joie, sur-tout lorsque la reconnoissance en est le principe, que de celles des passions plus orageuses. Mme Reves est venue à moi. Ma chere, m’a-t-elle dit, votre absence sera remarquée. J’allois rentrer, ai-je répondu ; & c’étoit effectivement mon dessein. Nous sommes rentrées.

Après les premiers complimens, Miss Grandisson n’a pas fait difficulté de dire à son Frere, que Miss Byron, M. & Mme Reves, s’étoient fort occupés de quelques termes qui leur causoient de l’inquiétude dans la Lettre de Wilson. J’ai profité de cette ouverture : vous jugeriez mal de ma reconnoissance, Monsieur, ai-je continué après elle, si je ne vous avouois que l’avis de Wilson, joint aux menaces qu’on nous a rapportées, me font craindre que votre sûreté ne soit en danger, pour m’avoir trop généreusement servie.

Il a répondu que les sentimens de Miss Byron étoient dignes d’elle ; mais qu’indépendamment des suites, elle ne pouvoit