Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
Histoire

toujours chere, pour m’avoir servi d’azyle ? Elle m’a répondu que c’étoit ce jour-là, & qu’elle en aimeroit mieux une demeure où j’avois trouvé la fin de mes peines. Je suppose, Mesdames, ai-je repris avec assez peu de liaison, que vous avez entendu parler d’une Lettre écrite à Sir Charles… par ce malheureux Wilson… Oui, m’a dit la Comtesse, & ma joie est extrême de voir cet affreux complot heureusement éventé. Quelques termes de la Lettre, ai-je ajouté, m’ont laissé de l’inquiétude. Que portoient-ils, m’a demandé vivement Miss Grandisson ? Ils portoient, Mademoiselle, que Sir Hargrave ne respire que vengeance. Mon Frere ne nous en a rien dit, a repliqué la Comtesse ; mais il n’est pas vraisemblable qu’un homme humilié de son aventure écoute beaucoup ses ressentimens. On nous a dit au contraire que la confusion, ou la maladie, le retient fort paisiblement dans sa chambre.

Elle n’avoit pas achevé de parler, lorsque l’arrivée d’un carrosse a fait dire à Miss Grandisson que c’étoit Mylord L… & Sir Charles. Dans le transport de ma joie, je n’ai osé me fier à moi-même ; & feignant d’avoir oublié quelque chose, je suis sortie assez brusquement par une des portes de la salle, tandis qu’ils entroient par l’autre. Je me suis arrêtée dans un cabinet. Graces, graces au Ciel ! ai-je dit. Mon cœur étoit trop foible pour ma reconnoissance. Je me