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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/318

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Histoire

Charles n’avoit pas lui-même quelques vues sur moi ? Je suis fâchée de vous dire, ma chere Lucie, que je me suis sentie plus émue que je ne l’aurois souhaité. Il faut, je le vois bien, que je veille un peu sur moi-même. Pour ne vous rien déguiser, j’ai mis alors l’écrit sur ma table, & j’appréhendois de lire la réponse de Sir Charles. Vous voyez que j’aurois pu m’épargner des craintes si folles. Suis-je d’assez bonne foi, ma chere ? Mais si vous n’arrivez point à cet article, avant que de vous en être apperçue, il n’est pas besoin de le lire à mon Oncle.

M. Bagenhall partit si content, comme Sir Charles l’a reconnu lui-même, que M. Reves en tire de fort bonnes espérances. Cependant les conditions… En vérité, ma chere, je ne souhaite de voir Sir Hargrave, ni à genoux, ni sur ses pieds. Je suis sûre que sa vue me causeroit une violente émotion. Il m’est resté de fortes impressions de sa malice & de sa cruauté. Je ne prendrois pas plaisir d’ailleurs à voir le Misérable avec sa bouche défigurée. Il paroît qu’on lui a cousu la levre, & qu’il porte une grande mouche noire sur sa blessure.

Comme nous n’apprenons point que Sir Charles ait entendu parler de rien, depuis la visite de M. Bagenhall, je me flatte que le jour de demain se passera sans aucun nuage.