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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/322

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Histoire

velles de Sir Hargrave ? Il a répondu, sans affectation, qu’il n’avoit entendu parler de rien ; qu’il étoit difficile à ceux qui ont vécu long-tems dans l’erreur, de se soumettre tout d’un coup à de nouvelles méthodes ; mais qu’il auguroit avantageusement de ce silence.

Ensuite, nous ayant quittés un instant, il est rentré avec Miss Jervin. Nos Messieurs, m’a-t-il dit, paroissent engagés dans une profonde conversation ; mais je connois l’impatience que cette jeune personne a d’être présentée à Miss Byron. C’est mon Émilie. Permettez-lui, Mademoiselle, d’aspirer quelquefois à l’honneur de vos instructions, dans l’absence de ma Sœur, & de vous demander en général un peu d’attention sur sa conduite, autant qu’elle vous en paroîtra digne. Il se trouve peu d’hommes, ma chere Lucie, qui sachent faire un compliment à une femme, sans en rabaisser une autre. Combien de fois avons-nous observé, vous & moi, que la politesse est rare dans un Frere. J’embrassai l’Émilie de Sir Charles, & je lui dis que je chercherois l’occasion de me recommander à son amitié. Miss Jervin est en effet une jeune personne très-aimable. Elle est grande pour son âge, a le port noble & le teint fort beau, quelques traces de petite vérole n’empêchent point qu’elle ne soit jolie. Un air de douceur, qui est répandu dans ses manieres & dans toute sa figure, lui donne