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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/335

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du Chev. Grandisson.

Je ne m’engagerai jamais, pour la satisfaction d’un Adversaire, ni pour la mienne, dans une vengeance froide & préméditée.

Mais, Monsieur, répliqua Bagenhall, considérez que Sir Hargrave est maltraité dans cette occasion, vous lui refusez la satisfaction qu’il demande ; & vous ne songez point que suivant les loix de l’honneur, on n’a point droit à des traitemens honorables lorsqu’on refuse…

Eh ! de qui sont-elles, interrompit vivement Sir Charles, ces loix auxquelles vous donnez le nom de loix d’honneur ? Je n’en connois point d’autres, que celles de Dieu & celles de mon Pays. Mais, pour terminer de vaines explications, dites à Sir Hargrave que quelque peu de fond qu’un homme d’honneur ait à faire sur celui qui a pu maltraiter une femme sans défense, j’irai demain, s’il y consent, déjeûner avec lui dans sa propre maison. Je veux bien n’attribuer qu’à la violence de sa passion, l’indigne outrage dont il s’est rendu coupable. Je veux croire qu’il s’est abusé dans ses réflexions, jusqu’à se figurer que le mariage seroit une réparation pour son injustice ; & je veux me fier à son honneur, suivi d’un seul Valet, qui se promenera devant sa porte, sans y entrer, pour recevoir mes ordres après ma visite. Mon épée sera ma seule escorte ; non que je m’attende d’avoir occasion de la tirer, mais pour ne pas donner lieu de croire que j’aie dû ma sûreté à