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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/35

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Son nez ajoute une nouvelle dignité à ses autres traits. Son menton est tourné avec une grace inexprimable, & s’abaisse par une fossette presque imperceptible ; ses yeux… Ah, Madame, ses yeux ! Bon dieu quel éclat ! cependant il est doux, sans aucun mélange de fierté. Que j’ai souvent méprisé, dans les Poëtes, ces descriptions forcées des yeux de leurs Héroïnes ! Mais en accordant quelque chose à la licence Poétique, je leur pardonne ; depuis que j’ai vu les yeux de Miss Henriette Byron. Ses cheveux sont un ornement, qui ne demande aucun soin. Toutes les boucles en sont naturelles. L’art ne prête rien au lustre qu’ils communiquent à toutes ses autres beautés. J’ai parlé de son cou… ici je n’ose me fier à moi. Incomparable fille ! Tout en est mille fois plus charmant qu’on ne peut se l’imaginer. Ses bras… vous avez quelquefois remarqué ma passion pour de beaux bras. En vérité, Madame, les vôtres même ne l’emportent pas sur les siens. Ses mains ont toute la perfection que les plus grands Peintres peuvent donner à des mains : quels doigts ! Ils sont accoutumés à manier la plume, l’éguille, le pinceau, les touches du Clavecin, & tout avec la même excellence. Ô Madame ! les femmes ont une ame, j’en suis à présent très-convaincu. Me pardonnerez-vous d’en avoir douté, d’avoir pensé long-tems qu’elles pouvoient n’avoir été données à l’homme que pour des usages passagers ?