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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/34

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lui est particuliere, & qui la distingue de toutes les femmes d’Angleterre, car il faut confesser qu’elle est plus commune en France ; c’est cette espèce de grace que les François nomment physionomie, & qu’on pourroit fort bien appeler Expression. Quand sa taille, son port, sa peau & tous ses traits ne seroient pas aussi parfaits qu’ils le sont, cette seule grace, cette ame qui transpire de toutes les parties de son aimable visage, jointe à l’air aisé & gracieux de ses moindres mouvemens, forceroit tous les yeux de l’admirer.

Entrerai-je dans une description plus détaillée ? Oui, j’y veux entrer, au risque de n’en pas sortir aisément. Ses joues… je n’ai jamais vu des joues d’une si belle forme, relevées comme elles sont d’un teint ravissant, qui marque une parfaite santé. Le moindre sourire y creuse deux fossettes charmantes. Avec tant de raisons d’être contente d’elle-même & de tout ce qui l’environne, car elle est l’idole de sa famille, je m’imagine que depuis l’enfance ses traits n’ont jamais souffert d’altération ; un pli, j’en suis sûr, ne pourroit habiter un instant sur son visage. Plût au Ciel que j’eusse assez de pouvoir sur son cœur, pour troubler quelquefois cette sérénité ! Sa bouche… il n’y en eut jamais de si divine. Mais quel sujet de s’en étonner ? Des lévres si vermeilles, des dents si égales & si blanches, donneroient de la beauté à toute autre bouche.