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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/354

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Histoire

alors vers son Adversaire, qui s’étoit mis en garde, & qui sembloit continuer ses instances. Il a baissé de la main gauche l’épée de Sir Hargrave, & dans cet état il a tenu quelques discours, dont l’Écrivain n’a pu rien entendre. Mais, sur un mouvement brusque que Sir Hargrave a fait en arriere, avec un air d’emportement fort vif, il a mis l’épée à la main, il a croisé celle qui le menaçoit, & plus promptement que l’Écrivain n’a pu le voir, il l’a fait sauter d’entre les mains de Sir Hargrave. Elle est tombée à quelques pas. Il a mis légérement le pied dessus, tandis qu’il remettoit la sienne au fourreau. Ensuite l’ayant ramassée, il s’est rapproché de Sir Hargrave, qui étoit demeuré dans le quarré de verdure, & qui tenoit le poing appuyé sur son front. Il lui a dit quelques mots d’un air doux & civil, & passant le bras gauche sous son bras droit, il lui a remis son épée dans la main. Sir Hargrave a levé l’autre bras avec un mouvement passionné, mais il s’est laissé conduire vers la maison sans beaucoup de résistance, & comme vaincu par la conduite & le langage de Sir Charles, toujours le bras sur le sien, & son épée dans la même main. Ici l’Écrivain est retourné à sa premiere place.

Sir Harg. (En rentrant & jettant son épée sur le plancher). Cet homme-là, Messieurs, ce Sir Charles est un Diable, il a fait de moi un véritable enfant. Cependant