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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/371

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du Chev. Grandisson.

auquel il semble qu’il n’y a rien à reprocher. Miss Grandisson a voulu savoir quels pouvoient être mes motifs, pour refuser un homme tel que lui. Je lui ai dit que je ne voulois plus entendre parler des hommes ; que j’étois dégoûtée de toute la race, & que j’avois cette obligation à Sir Hargrave. Elle n’en a rien voulu croire ; & son agréable esprit s’est exercé long-tems sur l’alternative qu’elle venoit d’établir. Sa Sœur a cru devoir l’arrêter. Ne finirez-vous point ? lui a-t-elle dit ; & se tournant vers moi, ah ! chere Miss Byron, vous n’obtiendrez rien de cette folle imagination, que toute sa chaleur ne soit épuisée ; & si vous avez un secret, le meilleur parti est de l’en informer d’abord. Charlotte est une fille généreuse, après tout ; mais quelquefois, comme à présent, d’une curiosité qui passe les bornes.

Encore une fois, chere Lucie, que veulent dire ces deux Sœurs ? je le cherche avec étonnement. Me soupçonnent-elles d’aimer quelqu’un ? Il me semble que généreuses comme elles sont, ce n’est pas cette voie qu’elles devroient prendre, lorsqu’elles me croyent sans engagement, & qu’elles savent que leurs doutes doivent tomber sur leur Frere. Mais, avec toute leur pénétration, elles ne peuvent l’approfondir. Que ne donnerois-je pas, pour savoir si Sir Charles a jamais aimé ?

La Comtesse, qui est arrivée alors, a fait prendre un autre tour à la conversation.