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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/372

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Histoire

C’est une Dame d’environ quarante-cinq ans, qui a beaucoup de noblesse & de bonté dans la physionomie. Après beaucoup de civilités générales sur la réputation qu’elle m’attribue, & sur l’empressement qu’elle avoit eu de vérifier par ses yeux tout ce qu’elle avoit entendu de moi, quelques mots qu’elle m’a dit de Madame Selby, & d’une Lettre qu’elle en attendoit impatiemment, m’ont fait juger que ma Tante ne l’avoit point informée de ma réponse. Un moment après, elle s’est baissée vers Mylady L…, qui se trouvoit assise près d’elle ; & prenant sa main, elle lui a parlé quelques momens à l’oreille. Mylady L… n’a pas fait d’autre réponse que, Non, Madame . La Comtesse a répliqué qu’elle en étoit ravie. Je ne crains point, a-t-elle ajouté, de m’ouvrir avec confiance à une Amie telle que vous.

Ah ! ma chere ! elle a demandé à Mylady L… j’en suis sure, si le nom de Sœur, qu’elle m’avoit entendu donner par Miss Grandisson, avoit rapport à quelque vue de son Frere ; & l’air ouvert & caressant, qu’elle a pris ensuite avec Madame Reves & moi, me persuade qu’après cette explication, il ne lui est resté aucun doute que son fils ne pût penser à moi, sans obstacle du côté de Sir Charles. Loin toute bassesse, ma Lucie. Quelque admiration dont je me reconnoisse remplie, pour quelqu’un que j’en crois digne, ces excellentes Sœurs ne me verront point engagée dans une passion sans espoir.