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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/374

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Histoire

pas la moindre vue… Au fond, je ne desire pas que cet autre… du moins si… je ne sais plus, ma chere Lucie, ce que je voulois ajouter, mais je vous prie de bien assurer ceux qui s’intéressent à moi, que jamais ils ne me verront engagée dans une passion sans espoir. Non, non. Ils peuvent compter là-dessus.

Mais que je vous fasse une question : ma Lucie, une question puérile, je le reconnois ; à vous qui avez eu le cœur pris, comme vous me l’avez confessé, & qui vous êtes heureusement dégagée. Je me surprens, depuis quelques jours, dans l’usage de certains termes, tels qu’un autre, quelqu’un, il, lui, au lieu d’écrire hardiment, comme je faisois toujours, Sir Charles, ou le Chevalier Grandisson, qui sont des termes plus mesurés ; quoiqu’assurément je ne manque point de considération pour un homme qui mérite celle de tout le monde. Que veux-je vous faire entendre ? Est-ce un signe… Ah Lucie ! vous m’avez menacée d’avoir l’œil ouvert sur moi ; & ne vous ai-je pas dit que je l’ouvrirois aussi moi-même ? J’étois sincere. Vous le croirez sans peine, en voyant que des remarques si légeres ne peuvent m’échapper. Mais si vous trouvez qu’elles le soient trop, ne m’exposez pas, ma chere, ne les lisez pas à la chere Assemblée. Elles marqueroient de la foiblesse aux yeux des uns. Elles obtiendroient de l’indulgence aux yeux des autres, parce qu’ils y reconnoîtroient le langage de la