Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
du Chev. Grandisson.

La Comtesse m’a demandé un moment d’entretien particulier, sans nous écarter plus loin qu’une fenêtre voisine, où elle m’a menée par la main. Elle m’a parlé dans des termes assez vagues, d’une Lettre, qu’elle ne doutoit point que Madame Selby ne m’eût communiquée ; & sans attendre ma réponse, elle s’est étendue, avec une bonté extrême, sur toutes les qualités qu’elle me suppose, & dont elle prétendoit appercevoir la confirmation dans mon langage & dans ma figure. J’aurois souhaité de pouvoir m’expliquer sur le fond de ses vues. Mais s’abandonnant toujours à ses préventions, & prenant quelques détours civils, dont elle ne me laissoit pas le tems de sortir, pour l’embarras d’une jeune personne qui n’ose avouer ce qu’elle désire le plus, elle m’a ramenée par la main vers la compagnie, en me répétant qu’elle en avoit assez vu, & qu’elle se reposoit sur la réponse qu’elle attendoit de ma Tante.

Il est certain que son air de bonté, ses manieres nobles & ouvertes, & l’expression vive & naturelle de ses sentimens, dans un entretien si court, m’ont prévenue aussi d’une forte inclination pour elle. Que je serois heureuse, me suis-je dit à moi-même, de pouvoir obtenir une telle Mere, sans devenir la femme de son fils ! & dois-je refuser de le voir, si l’on me demande une entrevue ? sur tout lorsque Mylady semble vouloir persuader à la Comtesse qu’un autre n’a