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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/384

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Histoire

oublier des injures beaucoup plus sanglantes, & qui n’étoient que trop visibles. J’ai répondu que j’avois souffert plus que lui, quoique les marques en fussent moins apparentes ; que je n’avois pas laissé de lui pardonner en faveur de l’accommodement qui avoit succédé entre mon Protecteur & lui, (Protecteur ? a-t-il interrompu en se mordant les levres ;) mais qu’il avoit connu mes sentimens avant sa barbare entreprise : & je l’ai prié de renoncer pour jamais à moi. Il devoit m’excuser, ai-je ajouté, si je lui déclarois que j’étois résolue de ne le revoir jamais.

Cette conversation a duré plus long-tems. M. & Mme Reves gardoient un profond silence. Enfin il m’a pressée de lui garantir du moins que M. Greville ni M. Fenwick, ne l’emporteroient pas sur lui ; & pour me faire envisager apparemment d’autres difficultés dans l’avenir, il m’a protesté que sa téméraire démarche étoit venue principalement de la crainte qu’il avoit eue de se voir supplanté par M. Greville. Je lui ai dit que rien ne m’obligeoit à des promesses de cette nature, mais que M. Reves l’ayant assuré, pour se délivrer de ses instances, qu’il croyoit cette crainte sans fondement, je ne pensois point à le contredire.

Avant qu’il m’ait été possible de congédier cet homme importun, on est venu l’avertir que M. Bagenhall & M. Jordan le demandoient. Il n’a pas fait difficulté de