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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/397

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du Chev. Grandisson.

LETTRE XXXVII.

Madame Sherley à Miss Byron.

5 de Mars.

N’ayez, ma très-chere vie, ni peine ni honte à nous ouvrir entiérement votre cœur. Vous connoissez notre tendresse pour vous. Ce n’est pas une disgrace pour une jeune personne d’aimer un homme vertueux. L’amour est une passion naturelle. Vous avez montré par des témoignages distingués, que l’imprudence & la légéreté ne sont pas des défauts de votre caractere. M. Gréville, avec toute sa gaieté, M. Fenwick, avec toutes ses flatteries, M. Orme, que je considere beaucoup plus avec son respect & ses soumissions, ni le suppliant Fouler, ni le terrible & le menaçant Pollexfen, n’ont pu faire découvrir en vous une ombre de foiblesse ou de vanité. Avec quel bonheur ne vous êtes-vous pas tirée de tous les dangers où la passion d’être admirée engage souvent les ames d’un ordre inférieur ? Avec quelle politesse & quelle dignité ne vous êtes-vous pas acquis des droits sur l’estime & sur la vénération même de ceux dont vous avez refusé les offres ? Et quels ont été vos motifs pour refuser ? Ce n’est pas l’orgueil, c’est l’excellence