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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/399

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du Chev. Grandisson.

mœurs & de la naissance, & pour lequel tous vos Amis ont la même passion que vous. Seulement, mon tendre amour, chere Henriette, charme de ma vie & consolation de mes mauvais jours, efforcez-vous, pour l’amour de moi, de toute votre Famille, de prendre tant d’empire sur votre cœur, que si le succès ne répond point à vos desirs & aux nôtres, votre santé n’en souffre point, une santé qui nous est si précieuse ! & que vous ne tombiez point au rang de ces malheureuses Filles qui se laissent emporter par la violence d’une aveugle passion. Plus l’objet a de force pour enflammer vos desirs, plus la victoire est glorieuse si vous en avez quelqu’une à remporter. Cependant, ma chere Fille, achevez de nous ouvrir votre cœur pour nous mettre en état de vous aider de nos conseils. Et ne redoutez point le badinage de votre Oncle ; il s’en fait un amusement qui sert quelquefois aussi à nous réjouir ; mais comptez que ses raisonnemens ne font aucune impression sur nous. Vous n’ignorez pas que son cœur honnête est uni, comme les nôtres, avec celui de notre chere Fille, il ne résisteroit pas plus que nous à sa douleur, s’il arrivoit quelque disgrace à sa Niece.

Votre Tante m’a fait voir à ce moment la Lettre qu’elle vous écrit. Elle y répete quelques-unes de vos expressions, qui lui paroissent très-fortes. Pour moi, je trouve qu’elles vous font beaucoup d’honneur, parce