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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/40

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mot, les grands complimens me révoltent toujours, & me forcent de rentrer aussi-tôt dans moi-même. Qui n’a pas quelque chose à redouter de son amour propre ? Je ne doute nullement que M. Greville n’ait souhaité que je visse sa Lettre ; & cette idée me donne une sorte d’indignation contre moi-même. Il semble que cet homme-là ait découvert, dans ma conduite, quelques fautes que je ne me pardonnerois pas si je les connoissois, & qui lui ont donné l’espérance de réussir en me traitant comme une folle.

J’espere que lui & les autres ne me suivront point à la ville, comme ils paroissent m’en menacer ; & s’ils le font, je ne les verrai assurément que lorsqu’il me sera impossible de les éviter. Cependant leur marquer là-dessus de l’inquiétude, ou les prier de se dispenser du voyage, ce seroit me mettre dans le cas de leur avoir obligation de la complaisance qu’ils auroient pour mes volontés. Il ne me convient point de leur faire des loix dans cette occasion, puisqu’ils mettroient leur soumission à trop haut prix, ou qu’ils seroient peut-être capables de se faire un mérite de leur passion, pour me refuser.

Cependant je ne puis supporter de les voir obstinés à suivre ainsi tous mes pas. Ces hommes, ma chere, pour peu d’avantage que nous leur donnassions sur nous, exerceroient plus de tyrannie sur notre li-