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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/41

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berté que nos plus sévères Parens, & sans autre motif réel que leur propre satisfaction : au lieu que nos Parens les plus despotiques n’ont en vue que notre bien, quoique leurs imprudentes filles ne se le persuadent pas toujours. Combien n’en voit-on pas néanmoins qui se laissent entraîner fort loin de leurs intentions, ou du moins fort loin de leur devoir, par ces prétendus Amans, tandis que leur résistance est invincible à toutes les volontés de leurs Parens ? Ô ma chere ! Qu’il seroit à désirer pour moi, d’avoir heureusement passé les huit ou dix années de ma vie dans lesquelles je vais entrer, du moins si je ne trouve pas, dans l’intervalle, un homme capable de fixer tous les sentimens de mon cœur ! Puissent-elles passer aussi heureusement que les quatre dernieres, qui n’étoient pas moins importantes ! Se voir en état de promener sa vue, du sommet d’une élévation de trente ans, être bien établie dans ses principes, n’avoir aucune folie essentielle à se reprocher ; quel bonheur !

Le départ de ma Cousine Reves est fixé ; l’indulgence de mes chers Parens ne cesse point, & je suis toujours dans la même résolution. Mais je ne partirai point sans avoir vu ma chere Nancy. Quoi ? Je m’engagerois dans une partie de plaisir, & j’emporterois le chagrin de penser que j’ai laissé dans les souffrances une chere Malade, avec de justes raisons de croire que j’ai ap-