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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/407

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du Chev. Grandisson.

m’expliquer encore plus nettement ; quoiqu’à votre avis mes explications soient déja fort nettes, & qu’elles le soient même au mien, lorsque je jette les yeux sur le sentiment libre que ma Grand-maman a pris soin de séparer du reste de sa Lettre. Elle me le pardonne néanmoins ; elle donne même des louanges à ce sentiment. Elle m’encourage à parler. Ce n’est pas, dit-elle, une disgrace pour une jeune personne, d’aimer un homme vertueux. Elle ajoute que l’amour est une passion naturelle ; mais elle m’exhorte à ne pas souffrir qu’il triomphe de ma raison ; en un mot, à ne pas aimer sans être sûre du retour. Ainsi donc je puis aimer comme je veux, quand je veux & même qui je veux ; car s’il ne pense point à moi, on m’exhorte à ne pas prendre de résolution contre un autre mariage ; avec Mylord D… par exemple, s’il a la bonté de me recevoir.

Fort bien ; mais après avoir pleinement examiné mon cœur, qu’ai-je trouvé ? Je dois répondre, lorsqu’on me presse de lever le rideau, & d’éloigner les déguisemens au travers desquels un enfant, en amour, me devineroit. M’ouvrirai-je entierement ? Je dois cette confiance à des personnes si respectables & si chères, dont les sentimens s’accordent avec les miens. Parlons. J’avoue donc qu’il m’est impossible d’écouter tout autre homme. Cependant je n’ai pas la moindre espérance. Je me regarde comme une pré-