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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/408

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Histoire

somptueuse, & lui comme trop supérieur à moi. Son bien est immense ; il en attend encore plus ; & pour le mérite personnel, où trouver une femme digne de lui ? Sur l’article même de la fortune, vous jugez que la prudence oblige un homme si libéral & si magnifique, de porter ses vues plus haut.

Ainsi, ma chere Tante, ayez la bonté, conformément à l’avis de ma Grand-maman, de dire, en mon nom, à Mylady D… que je crois sa franchise digne de toute la mienne ; que votre Niéce étoit absolument libre dans ses affections, lorsque vous lui avez rendu ce témoignage ; mais que les tems & les circonstances sont changés. Dites-lui que je me suis trouvée d’abord engagée par la reconnoissance ; que dans l’origine, ce n’étoit rien de plus ; mais qu’étant interrogée aujourd’hui sur l’état de mon cœur, j’ai reconnu que ma reconnoissance est exaltée (car je ne dois pas dire abbaissée, lorsque l’objet en est si digne) en d’autres sentimens… dites, en amour, puisque j’entends si mal à me déguiser : que par conséquent la justice ne me permet pas plus que mon inclination, de penser à tout autre homme : & déclarez-lui qu’elle n’a pas laissé de m’inspirer pour elle une respectueuse tendresse, par la bonté qu’elle a eue de m’honorer de sa visite ; & que pour l’amour d’elle, si je n’avois pas trouvé d’objection contre Mylord D… dans une entrevue & dans une connoissance plus familiere, & si j’avois eu