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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/44

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Viens, Fenwick, a-t-il dit à l’autre, retirons-nous ; joignons nos malheureuses têtes ensemble, pour vivre encore un peu, du plaisir que nous venons de goûter ; & puis nous prendrons le parti de nous aller pendre.

Il a fallu que notre voiture ait passé, comme vous savez, devant la porte du Parc de Mr Orme ; il y étoit, sur le bord même du grand chemin. Je ne l’ai apperçu que de fort près. Il nous a fait une révérence jusqu’à terre, avec un air de tristesse qui m’a touchée. Le pauvre Mr Orme ! J’aurois souhaité de pouvoir lui dire un mot en passant ; mais les chevaux alloient si grand train ! Pourquoi marchoient-ils si vite ? Cependant j’ai remué la main, & j’ai panché la tête hors du carosse autant que je l’ai pû, pour le saluer. Ô Miss Byron ! s’est écriée là-dessus Mme Reves ; C’est Mr Orme, je n’en doute plus, c’est lui qui est l’heureux mortel. J’ai répondu que si sa conjecture étoit vraie, je n’aurois pas eu l’empressement qu’elle avoit remarqué. Mais il me semble que j’aurois été charmée de pouvoir dire une fois, adieu Mr Orme ; car Mr Orme est un fort bon homme. Mon cœur étoit encore attendri des adieux que j’avois faits à ma chere famille ; & vous savez, ma chere, que dans cet état une légere impression pénétre plus facilement.

La maison de Mr & de Mme Reves est convenable à leur fortune, c’est-à-dire, fort belle & meublée dans le meilleur goût.