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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/53

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la séparation de deux amans, si tendre & si touchante, qu’il paroît que l’agréable Muse n’ignore pas les peines qu’on peut ressentir innocemment dans cette occasion. La seconde, qui étoit une description de l’Aurore & du lever du Soleil, rend du moins témoignage qu’elle aime à se lever matin. Je lui en ai demandé une copie, pour me confirmer dans la même habitude ; mais elle me l’a refusée avec beaucoup de modestie. La troisieme étoit sur la mort d’une chere Fauvette, un peu trop pathétique à mon gré pour l’occasion ; car si Miss d’Arlington avoit le malheur de perdre le meilleur de ses Amis, il me semble que dans cette piéce, qui est assez longue, le sujet est épuisé, & qu’elle seroit obligée d’en emprunter quelques images. Je conçois qu’il est difficile aux jeunes personnes, qui sont nées avec quelque génie, de régler leur imagination. L’abondance de leurs idées les emporte souvent au-delà de leur sujet ; & pour vouloir tout dire, elles ne disent pas ce qu’il convient. Mais, à tout prendre, j’ai trouvé la pièce fort jolie.

Jeudi 26.

Nous eûmes hier à souper Mylady Pen Williams[1]. C’est une femme très-agréable, veuve d’un homme estimé, &

  1. Pen, qui se prononce Penne, est un petit nom pour Pénélope.