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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/56

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cœur ne soit infecté par le goût moderne, qu’elle n’ait conçu même une pernicieuse passion pour le jeu, & que pour soutenir ses extravagances elle ne pense à faire le malheur de quelque honnête homme en l’épousant.

Un mot sur mes affaires domestiques. James, le seul Laquais que j’aie amené, se dégoûte déjà de la ville & veut retourner au château de Selby. Je n’aime pas à voir autour de moi un homme qui s’y déplaît. Ainsi je lui ai promis de le renvoyer ; mais comme c’est d’ailleurs un garçon fort sage, j’espere que ma Tante ne le congédiera point en cette occasion. Il s’en est déjà présenté plusieurs ; & dans le principe où je suis, qu’un Maître doit répondre du caractere de ceux qui le servent, je ne suis pas peu embarrassée pour le choix. Je ne pense pas comme ce grand Ministre, qui donnant quelquefois la préférence à des gens qui ne la méritoient pas, apportoit pour raison de ces excès de bonté, qu’il vouloit être l’Ami de ceux à qui personne ne vouloit accorder d’amitié. C’est porter l’indulgence trop loin, & ne pas considérer que le méchant qu’on protége, emporte la récompense qui est dûe à l’honnête-homme. M. & Mme Reves ont tant de bonté pour moi, & leurs Domestiques sont si disposés à m’obliger, que je ne risque pas beaucoup à prendre quelques jours pour faire un bon choix.

Il est tems de finir une si longue Lettre.