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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/55

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Qu’en dites-vous, ma chere ? Ne suis-je pas une plaisante fille ? Mais je n’en pense pas plus mal de Mylady Williams. On doit me mener à la Masquarade, au Ridotto, & dans la saison, à Vauxhall & à Renelagh. Les Bals parés, les Concerts, les Assemblées du jeu auront leur tour ; & pour me préparer à cette derniere sorte de plaisirs, on veut me faire apprendre tous les jeux à la mode. Ma Grand-maman se seroit-elle attendue, il y a vingt ou trente ans, à vivre assez pour entendre dire qu’avec le Maître de Musique & le Maître à Danser, le bel usage demande un Maître de Jeu, pour achever l’éducation des femmes ? Mylady Pen s’offre à me servir de guide dans toutes ces parties.

À présent, chere Lucie, ne répéterez-vous pas la priere que vous avez déja faite au Ciel, de me voir revenir avec un cœur sain ? & ne tremblez-vous pas que je ne devienne une jolie femme, dans le goût moderne ? Pour cette derniere crainte, je répondrai lorsque vous commencerez à me soupçonner : si vous trouvez que je préfere le plus brillant de tous ces plaisirs & l’Opéra même, malgré la passion que j’ai pour la Musique, à une bonne Piéce de notre favori Shakespear, alors, ma Lucie, que votre cœur s’afflige pour votre Henriette ; craignez alors qu’elle ne se soit laissée gagner à l’esprit de légéreté, qu’elle ne soit prise par les yeux & les oreilles, que son