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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/60

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qui entraîne à sa suite la désobéissance & la révolte.

Je remarquai tout d’un coup que M. Fouler me regardoit avec distinction. Une femme, diroit ici mon Oncle, est toujours prompte à faire les découvertes de cette nature. Mais, à table où nous étions, tout le monde s’en apperçut. Il revint le jour suivant ; & sans faire la moindre question sur ma fortune, il s’ouvrit à Madame Reves, en lui demandant sa protection. À la vérité il n’oublia pas ses propres avantages ; & je ne lui en fais pas un reproche, puisque personne ne les lui dispute. Mais où est l’homme riche, qui ne commence pas, dans ces occasions, par l’étalage de son bien, tandis que celui qui ne l’est pas éloigne autant qu’il peut cette fâcheuse idée, & se retranche sur l’amour, qui est son seul cri ?

Monsieur Reves, qui a fort bonne opinion de M. Fouler, lui répondit qu’il me croyoit le cœur libre, & que je n’avois pas d’autre dépendance que celle du respect, pour des Parens, à qui je tenois plus étroitement par ce lien que par celui de l’intérêt. Il loua mes bonnes qualités, c’est-à-dire, mon humeur & ma franchise naturelle, la derniere aux dépens de mon sexe ; de quoi je l’ai peu remercié lorsqu’il m’a fait ce récit. En un mot, il l’informa de tout ce qu’il jugea nécessaire, & de plusieurs choses même qui ne l’étoient pas,