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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/59

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polies entre les Animaux plus ou moins nobles. Lui-même, comme vous jugerez par sa singularité, est un vieux Garçon, qui n’ayant jamais été marié, s’imagine qu’on fera une femme exprès pour son Neveu, & qui insiste, avant que de la connoître, sur des qualités dont il ne trouvera peut-être pas une seule dans sa Niece.

Monsieur Fouler m’a vue, pour la premiere fois, chez Madame Reves. Je ne puis dire qu’il ait rien de désagréable dans la figure ; mais il me semble qu’il n’a point l’ame que je souhaiterois, dans un homme à qui je dois faire vœu d’amour & d’honneur. Je ne veux me marier, que pour être une très-bonne & très-honnête femme. Ne dois-je pas jurer l’obéissance ? Et m’exposerois-je à violer mon serment ? Il n’y a donc point de considération qui puisse me faire prendre un homme, dont le peu d’esprit & de jugement soit capable de me faire chanceler dans l’observation de mon devoir, & qui ne suivant peut-être que les caprices d’un esprit borné, me donneroit des ordres auxquels ma raison ne me permettroit pas d’obéir. Il est doux & honorable pour une femme, de soumettre son jugement dans les choses même indifférentes, à celui d’un homme qui a plus de sagesse & d’esprit qu’elle ; mais si ces qualités manquent à son Mari, elle est portée à douter du moins de quel côté est la raison, & ce doute est le premier pas vers la diminution du respect,