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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/81

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du Chev. Grandisson.

ves a fait la confidence entiére, ne doute point que ses vues ne soient sérieuses, & que m’en ayant fait compliment, il ait ajouté qu’il lui connoît du penchant pour le mariage ; d’autant plus, dit-il, qu’au défaut des mâles dans sa ligne, la moitié de son bien passeroit à un Parent fort éloigné, qu’il hait beaucoup, par la seule raison que dans son enfance cet honnête Cousin le reprenoit quelquefois de ses fautes. Au reste, Sir Allestris dit que son bien est aussi considérable qu’on le publie.

Lorsque nous nous sommes trouvés libres, quelle gloire pour vous, chere Cousine, m’a dit Mr Reves, de réformer un homme de ce caractere, & de faire de son bien une source de bénédictions, comme je suis sûr que vous y apporteriez tous vos soins, si vous étiez Mylady Pollexfen ! Mais comptez, chere Lucie, que Sir Hargrave fût-il Roi de la moitié du Globe, il ne me verra point à l’autel avec lui. Que faire néanmoins, s’il est aussi importun qu’on le représente ? Je ne me conduis pas mal avec ceux que je puis tenir à la longueur des armes ; mais j’avoue que je serois fort embarrassée avec ces caractéres hardis. La civilité, à laquelle je me crois obligée pour tous ceux qui marquent un peu de considération pour moi, m’exposeroit à beaucoup d’inconvéniens, dont la protection de mon Oncle & celle de Mr Deane m’ont toujours préservée. Ô chere Lucie ! à combien de