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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/96

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Histoire

en avoit un pour qui je pusse concevoir des sentimens que je n’ai jamais eus pour personne, ce seroit un voisin de ma famille, qui a fait profession de m’aimer depuis mon enfance ; homme d’honneur, vertueux, modeste, tel que je crois Mr Fouler. Sa fortune, à la vérité, n’est pas si considérable que celle du Neveu de Sir Roland Meredith ; mais comme il n’y a point d’autre raison qui puisse me faire préférer M. Fouler à lui, seroit-il fort honorable pour moi d’accorder cette préférence à la fortune ? Je compte, Monsieur, que vous userez généreusement de ma franchise. Il ne conviendroit point que la personne dont je parle en fût informée ; non-seulement pour lui, à qui je ne serai jamais rien ; mais pour vous-même avec qui je me suis expliquée si librement.

Il a répété qu’il étoit le plus malheureux de tous les hommes ; mais qu’il osoit espérer du moins, que je lui permettrois de revoir quelquefois son Ami Mr Reves. Je lui ai dit que je n’avois aucun droit de m’y opposer, pourvu que ses visites n’eussent point de rapport à moi ; & je lui ai promis que lorsqu’il s’en tiendroit à la civilité simple, sans me rien demander au-delà, je le regarderois toujours comme un homme dont l’estime me faisoit honneur.

Il s’est levé, avec toutes les apparences d’une profonde tristesse. Il a tiré son mouchoir. Il s’est promené dans la chambre en