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Histoire

la trouvez-vous pas plus tranquille depuis un instant qu’elle commence à voir qu’il n’y a rien à redouter pour son honneur & sa conscience ? Regardez-la : quelle douce sérénité dans ses yeux, qui avoient auparavant quelque chose d’égaré !

Ah ! Chevalier, vous me demandez ce qui n’est point en mon pouvoir : & quand votre bonheur dépendroit de moi, je ne pourrois souhaiter à ma fille un homme si fortement attaché à ses erreurs. Pourquoi, Monsieur : mais si je vous voyois moins de zele pour votre Religion, j’aurois plus d’espérance, & par conséquent moins d’objections.

Si j’avois moins d’attachement pour mes principes, la tentation, Madame, seroit au-dessus de mes forces. Une Clémentine, l’honneur de m’allier avec une telle Famille…

Ah Chevalier ! je ne puis vous donner le moindre espoir.

De grace, Madame, regardez votre chere fille ! voyez ; elle balance peut-être en ma faveur. Rappelez-vous qu’elle faisoit la joie de votre cœur. Pensez à ce qu’elle peut devenir, & dont je prie le Ciel de la préserver, de quelque maniere qu’il dispose de moi. Quoi ? Madame ! l’aimable Clémentine ne trouvera-t-elle point un Avocat dans sa Mere ? J’atteste le Ciel que son bonheur a plus de part à mes vœux que le mien. Encore une fois ! pour l’amour de votre