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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/101

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du Chev. Grandisson.

Fille ! Qu’est-ce hélas que mon intérêt en comparaison du sien ! Permettez que je vous demande à genoux votre puissante protection ; jointe à celle de mon cher Jeronimo, j’en prévois des effets dont la seule espérance m’attendrit jusqu’aux larmes.

Clémentine n’avoit pu m’entendre ; mais aussi-tôt qu’elle me vit dans la posture où j’étois, elle accourut à moi ; & tendant les deux mains, l’aiderai-je à se lever, Madame ? Dites-lui donc qu’il se leve. Il pleure ! Voyez ses larmes. Mais j’en vois verser à tout le monde. Pourquoi pleurez-vous, Chevalier ? Maman pleure aussi. Quel peut être le sujet de tant d’afflictions !

Levez-vous, Chevalier, me dit la Marquise. Ô Fille charmante ! Elle me fera mourir de compassion & de douleur. Vous n’obtiendrez rien, Monsieur, que suivant nos propres conditions : & je ne puis souhaiter même que les choses tournent autrement. Mais est-il possible que cette chere créature ne vous touche point ? Insensible Grandisson !

Je me levai. Quel sort est le mien ! Me traiter d’insensible, Madame, tandis que j’ai le cœur percé de la situation de votre adorable Fille & du chagrin qu’elle répand dans une Maison où tout m’est également cher & respectable ! Quel autre désir ai-je marqué, que celui de ne pas quitter une Religion, à laquelle je suis attaché par la conscience & par l’honneur ? Vous-même, Madame, avec le cœur d’une Mere & d’une