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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/108

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Histoire

discours… C’étoit donc un trait prémédité, me direz-vous. Je n’en disconviens pas, Chevalier. Il faut que je vous le dise à l’oreille. Mais, non : tournez plutôt le visage de l’autre côté. Je sens que la rougeur me monte déja. Ne me regardez point. Regardez vers la fenêtre. (Je fis ce qu’elle exigeoit.) J’avois donc résolu de vous dire… mais je crois l’avoir jetté par écrit. (Elle tira ses tablettes de sa poche.) Le voici. Regardez-vous de l’autre côté, lorsque je vous l’ordonne ? Elle se mit à lire : « Je consens, Monsieur, du fond de mon cœur, (c’est très-sérieusement, comme vous voyez) que vous n’ayez que de la haine, du mépris, de l’horreur, pour la malheureuse Clémentine ; mais je vous conjure, pour l’intérêt de votre ame immortelle, de vous attacher à la véritable Église. » Eh bien, Monsieur, que me répondez-vous ? (en suivant, de son charmant visage, le mien que je tenois encore tourné ; car je ne me sentois pas la force de la regarder.) Dites, Monsieur, que vous y consentez. Je vous ai toujours cru le cœur honnête & sensible. Dites qu’il se rend à la vérité. Et ce n’est pas pour moi que je vous en sollicite. Je vous ai déclaré que je prends le mépris pour mon partage. Il ne sera pas dit que vous vous soyez rendu aux instances d’une Femme. Non, Monsieur ; votre seule conscience en aura l’honneur. Je ne vous cacherai point ce que je médite pour moi-même.