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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/117

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du Chev. Grandisson.

M. Grandisson se conduit dans l’Assemblée, avec tant de noblesse, de modestie & de prudence, qu’il y enleve l’estime & l’affection de tout le monde. On n’y entend que des soupirs & des regrets tendres. On n’y voit que des larmes. Chacun fait des vœux pour son bonheur, & lui demande son amitié ; à la réserve néanmoins du Général, qui cherche au contraire à le piquer par des regards hautains, & par quelques traits pleins de fiel. Il trouve le secret de répondre, avec autant de fermeté que de politesse & de modération. Il satisfait à tout ; il s’adresse successivement à chaque personne de l’Assemblée, au Général même, que la force de la raison & de la justice rend muet. On s’épuise en témoignages d’estime, qui semblent promettre une paisible conclusion. Cependant le Chevalier s’étant approché de Jeronimo, pour lui renouveler ses embrassemens, le Général se leve, s’avance vers lui, & lui dit d’une voix basse :

Vous ne sauriez penser, Monsieur, que j’aie bien pris une partie de vos discours ; & je suppose même que vous ne les avez pas tenus dans cette intention. Je n’ai qu’une question à vous faire : Quel jour partez-vous ?

C’est le Chevalier qui rentre ici dans sa narration. Permettez, Monsieur, répondis-je du ton naturel de ma voix, que je vous demande aussi quand vous vous proposez de retourner à Naples ?