Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
Histoire

Pourquoi cette question, Monsieur ?

Je vous l’apprendrai de bonne foi. Vous m’avez fait l’honneur, Monsieur, dans les commencemens de notre connoissance, de m’inviter à faire le voyage de Naples ; & je m’y suis engagé. Si votre départ n’est pas différé trop long-tems, mon dessein est non-seulement de vous y aller faire ma cour, mais de vous demander un logement dans votre Hôtel même ; & ne croyant point avoir mérité que vous me refusiez cette grace, je me flatte d’y être reçu avec autant de bonté que vous m’en avez marqué par l’invitation. Je compte de quitter demain Boulogne.

Ô mon Frere ! lui dit l’Évêque de Nocera, ne vous rendez-vous pas à de si généreux sentimens ?

Êtes-vous sincere ? reprit le fier Général.

Je le suis, Monsieur. J’ai dans les différentes Cours d’Italie, plusieurs Amis respectables, dont je veux prendre congé, avant que de quitter un pays que je désespere de revoir jamais. Ma passion est de pouvoir vous compter dans ce nombre. Mais je n’apperçois point encore l’air d’amitié que je cherche dans vos yeux. Approuvez, Monsieur, que je vous offre ma main. Un homme d’honneur se dégraderoit, à rejetter les avances d’un homme d’honneur. J’en appelle, Monsieur, à vos propres sentimens.

Il se contenta de lever la main, lorsqu’il me vit tendre la mienne. Je ne suis pas sans orgueil ; vous le savez, cher Docteur ; &